1938-1940








Après une expérience dans le baseball organisé de 1922 à 1924 (l'Eastern Canada League et la Quebec-Ontario-Vermont League), le baseball reste essentiellement local et semi-pro dans la décennie suivante. Par exemple, la version de 1935 de la ligue Provinciale contient une équipe de policiers de la ville de Montréal, et ne dispute qu'un calendrier d'une douzaine de matchs. Mais rapidement, la ligue prend son envol et devient de plus en plus sérieuse. Elle trouvera des succès à l'extérieur de Montréal, qui vit au rythme de ses Royaux. L'ajout de Trois-Rivières en 1937 puis de Québec en 1938 permet à la ligue d'avoir une base solide, complétée par des franchises à Sorel, Granby, Sherbrooke, Drummondville et St-Hyacinthe. Le mouvement vers une ligue de haut niveau s'accentue quand on convainc Maurice Duplessis de financer de nouveaux stades modernes à Trois-Rivières et à Québec (qui sont toujours debout). Sherbrooke et Granby investissent aussi dans de nouveaux équipements, notamment des lumières pour pouvoir jouer le soir.

Sur le terrain, le niveau de jeu n'augmente sans cesse. On fait de plus en plus appel à de solides joueurs étrangers, vétérans des ligues majeures ou de forts circuits mineurs. Cela vient toutefois au prix de la diversité: en1936 et 1937, une équipe d'Afro-Américains faisait partie de la ligue, mais comme le but avoué de la ligue est d'intégrer le réseau du baseball organisé, on met fin à l'expérience.

Cela signifie aussi que les joueurs locaux sont tranquillement chassés de la ligue, mais ceux qui restent ont une chance en or d'accélérer leur développement. D'ailleurs, Paul Calvert, Roland Gladu et Jean-Pierre Roy atteindront les majeures dans les années suivantes, et d'autres, comme Paul Martin, joueront dans les meilleurs circuits mineurs.

Sur le terrain, si Sorel avait dominé, remportant les séries éliminatoires à chaque année entre 1935 et 1938, ils se font rattrapés par Québec et Trois-Rivières, bien avantagés par la taille de leur stade et de leur base de partisans. Trois-Rivières, qui avait attiré bien des spectateurs en 1938 grâce au jeu électrisant de leur voltigeur manchot Pete Gray, délie les cordons de la bourse et attire en ville les meilleurs joueurs des ligues mineures: Moose Clabaugh, Dutch Prather, By Speece, etc. Ils ne sont pas aussi dominants que prévu, mais remporte le championnat de la saison régulière, avant de se faire surprendre en finale par leurs grands rivaux de Québec, dirigés de main de maître par Del Bissonette.

Fatigués des hausses salaires et des déficits, mais aussi par l'impossibilité de faire respecter les contrats (4 joueurs quittent ou menacent de quitter avant les éliminatoires de 1939), la ligue passe l'entre-saison 1939-40 à convaincre les dirigeants du baseball d'accepter la ligue dans ses cadres, ce qui ne sera fait qu'au printemps, avec le statut officiel de ligue de niveau B. On tente de rapidement réorganiser la ligue, mais Sorel, qui a bafoué les règles plusieurs fois en encourageant des joueurs à briser leurs contrats avec des équipes du baseball organisé, n'est pas intéressé à faire le saut. Drummondville, maillon faible de la ligue, n'est ramené dans la ligue que faute de meilleures options, les Royaux de Montréal ayant bloqué la venue d'une franchise à Lachine.

Cette saison sera catastrophique. Le début de la saison est miné par les mauvaises nouvelles en Europe où la guerre fait rage, la mauvaise température au Québec et des grèves dans l'industrie du textile à Drummondville. Après avoir déplacé quelques matchs à Victoriaville, ces derniers abandonnent au début juillet. Quand un régiment sherbrookois quitte la ville pour leur entraînement à la fin juillet, la franchise de Sherbrooke met aussi fin à ses opérations. St-Hyacinthe termine en tête de la ligue, mais quand la pluie empêche la tenue du 2e match des éliminatoires pendant quatre jours, on n'a plus les fonds pour payer les joueurs et Trois-Rivières emporte la demi-finale par défaut. Ils battent ensuite Granby en finale.

On tentera de continuer les opérations en 1941, mais rapidement on se rend compte que seuls Québec et Trois-Rivières sont vraiment intéressés par l'expérience. Granby et St-Hyacinthe sont tentés, tout comme Hull et des villes américaines limitrophes. Quand rien ne se concrétise, Québec et Trois-Rivières font le saut dans la ligue Canado-Américaine, et cette première expérience de la ligue Provinciale prend fin.


After a stint in Organized Baseball from 1922 to 1924 (the Eastern Canada League and the Quebec-Ontario-Vermont League), baseball remained mostly local and semi-pro in the following decade. For example, the 1935 version of the league has a team composed of policemen from Montreal and plays a 12-game calendar on Sundays. But quickly the league is expanding and becoming more serious. It will find success outside of Montreal, where the Royals shine. The addition of Trois-Rivières in 1937 and Québec in 1938 allows the league to have a solid base, completed by franchises in Sorel, Granby, Sherbrooke, Drummondville and St. Hyacinthe. The move towards a high-level league accelerates when premier Maurice Duplessis is convinced to invest in modern stadiums in Trois-Rivières and Québec (they both still stand). Sherbrooke and Granby also invest in new equipment, notably lights for night baseball, still a novelty at the time.

On the field, the caliber increases quicky. Players are more and more recruited from south of the border, former major leaguers and from the high minor leagues. This however comes at the expense of diversity: in 1936 and 1937, a team of African-Americans, loosely affiliated with the Negro Leagues, was part of the Provincial League. But as the goal is now to be accepted in Organized Baseball, the experience is stopped.

The rising caliber also means that local players are slowly chased from the league, although the remaining ones have a great opportunity to rise their level. In fact, Paul Calvert, Roland Gladu and Jean-Pierre Roy will all reach the major leagues in the following years, with others like Paul Martin playing in the high minors.

On the field, if Sorel had been dominant with playoff championships every season between 1935 and 1938, they feel more and more competition from Québec and Trois-Rivières, armed with their new stadiums and large fanbases. Trois-Rivières, who had delighted crowds in 1938 with the electrifying play of its one-armed outfielder Pete Gray, open their wallet for 1939 and attract some of the best minor leaguers: Moose Clabaugh, Dutch Prather, By Speece, etc. They are not as dominant as expected, but still win the pennant, before being surprised in the finals by Quebec, expertly manager by Del Bissonette.

Tired of ever-increasing payrolls and deficits, but also of their inability to enforce contracts (4 players left or threatened to leave before the 1939 playoffs), the league spent the 1939-40 offseason trying to convince baseball authorities to accept it in its ranks. They have to wait until Spring, when they obtain Class B status. That leaves little time to reorganize, as Sorel, not inclined to follow the rules of Organized Baseball after having convinced many players to jump their contract, is not interested. Drummondville, the weak link of the league, is brought back when better options fail, notably a team in Lachine vetoed by the Montreal Royals.

The season is catastrophic. The start of the season is ruined by the constant flow of bad news from the war front in Europe, as well as by bad weather in Quebec and by strikes in the textile industry hitting Drummondville hard. After having moved a few games to Victoriaville, that franchise goes belly up in early July. When a garrison leaves town in late July for training, the Sherbrooke team does the same. St-Hyacinthe wins the pennant, but when rain delays the second game of the playoffs for 4 days, they can’t make payroll and give up. Trois-Rivières win by default before defeating Granby in the finals.

Attempts were made to restart the league for 1941, but it becomes apparent that Quebec and Trois-Rivières are the only franchises really interested in continuing. Granby and St. Hyacinthe might follow, and Hull and bordering American cities are considered. When those fail, Quebec and Trois-Rivières accept to join the Canadian-American League, and this first Provincial League experience is over.


Photo ci-haut: match des étoiles 1939, Section Nord (Québec, Trois-Rivières, Sorel)